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L’attribution des fermages fut un autre motif de froideur entre Moracin et Bussy. Avant l’accord d’Haïderabad du mois de septembre, celui-là s’était engagé à fond avec Viziam Raja pour la province de Chicacol, or Bussy paraissait absolument hostile à cette combinaison ; maintenant c’était lui qui parlait en maître. Moracin fut toutefois assez heureux pour ramener Bussy à son opinion et il obtint d’avoir carte blanche pour traiter les affaires de fermage en attendant que Bussy put les régler lui-même sur place.

Cependant Moracin s’était plaint à Dupleix de voir ses intentions mal comprises. Rien ne gênait plus Dupleix que d’avoir à prendre parti entre son neveu et l’homme à qui il devait toute sa gloire et, malgré les revers du Carnatic, le maintien de son prestige. Loin d’entretenir entre eux la division, il s’efforça de les concilier et il répondit une première fois à Moracin le 9 mars :

« Il faut pardonner à Bussy. Le zèle et l’embarras où il se trouve pour l’argent le gênent sans doute ; il vous rendra justice quand il saura tout ce que vous avez fait. Il voit les choses d’un peu loin et souhaiterait que tout allât aussi facilement qu’il a eu le bonheur de réussir. »

Sur ces entrefaites, Bussy obtint le titre de commandant de nos nouvelles provinces. Moracin qui l’avait peut-être désiré pour son compte se montra quelque peu contrarié et il fallut encore une fois que Dupleix calmât ses blessures d’amour-propre par une apologie fort nette des services de Bussy.

« Vous êtes amis, Bussy et vous, lui écrivit-il le 28 avril, et tous les deux vous m’êtes chers ; en voilà autant qu’il faut pour que vous ayez l’un pour l’autre les égards que vous vous devez réciproquement. N’oubliez jamais les obligations que la