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Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/179

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nation doit à ce grand homme. Rendez-lui la justice qu’il mérite. Vous devez à ce que je crois lui accorder une certaine expérience que vous n’avez encore pu acquérir et qui aurait pu vous éviter certaines alarmes que vous avez prises un peu trop chaudement. Tous les deux vous êtes portés pour le bien public de la patrie. Que ce soit toujours votre but à tous les deux et vous vous passerez vos vivacités réciproques. » (A. V. 3756).

Dupleix priait enfin Moracin de se conformer aux instructions de Bussy et de le consulter sur les faits essentiels aussi bien quand il serait dans le Décan que lorsqu’il viendrait à la côte.

Il était temps que Dupleix réglât enfin la situation respective des deux antagonistes. Si Moracin se plaignait de voir ses intentions dénaturées, Bussy n’était pas moins mécontent. De qui dépendait-il ? de Dupleix ou de Moracin ? Si c’était de Moracin, il priait qu’on envoyât immédiatement quelqu’un pour le remplacer. Les choses ne marcheront pas, si l’on ne s’en rapporte pas à ce qu’il dit et à ce qu’il fait.

« Je me suis sacrifié jusqu’ici pour la gloire et les intérêts de ma patrie, écrivit-il à Dupleix le 5 mai. Six mois après ma sortie de Pondichéry, ma fortune était au point où elle est aujourd’hui et quoiqu’il se soit présenté bien des circonstances depuis, où j’eus pu l’augmenter, je n’en ai rien fait. Ce n’est donc pas ce motif qui m’a fait rentrer dans le Décan et, quand il m’aurait guidé, la connaissance que j’avais du délabrement des affaires m’eut fait perdre toutes espérances à cet égard. Je vous en ai prévenu lors de mon départ de Mazulipatam ; aussi, depuis ce temps je puis vous en donner des preuves, puisque je n’ai exigé ni ne me suis porté sur les états pour aucuns appointements. Je n’ai demandé que ma dépense que j’ai diminuée autant que j’ai pu[1]… J’ai été obligé de vendre ce que j’avais de

  1. D’après Moracin, l’entretien de la maison de Bussy lui coûtait 15.000 rs. par mois. (B. N. 9160, p. 33-36).