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qu’il était en marche pour en prendre possession. Fort heureusement, vers le 15 mai, arriva de Delhi un homme qui apportait à Salabet j. les titres dont il avait besoin pour légitimer son autorité. Les gens malintentionnés purent dire, non sans raison, que l’homme était un faux messager et le firman une pièce fabriquée à la cour même de Salabet j. Si l’on calculait en effet le temps écoulé depuis la mort de Muzaffer j. il était impossible qu’on eût pu écrire à Delhi et recevoir une réponse. Dupleix lui-même douta de l’authenticité du firman et en attribua l’honneur à Ramdas Pendet, (Lettre du 27 mai). On sait que les faux de ce genre ont toujours été considérés dans l’Inde comme une supercherie de bon aloi. Quoiqu’il en soit, ce document produisit l’effet escompté : Salabet j. reçut l’envoyé de l’Empereur avec les plus grands égards ; Bussy lui-même lui rendit hommage avec tous ses officiers et l’on tira des salves d’artillerie.

L’entrée de l’armée dans Aurengabad, qui eut lieu le 18 juin, se fit dès lors au milieu de l’acclamation générale : les mécontents se turent. La ville privée de son soubab depuis la mort de Nizam oul Moulk, c’est-à-dire depuis trois ans, était heureuse de redevenir une capitale, avec toute la pompe, les cérémonies et les fêtes qui accompagnent d’ordinaire un nouveau règne. Orme nous dit — et nous sommes loin de garantir le chiffre, — qu’on accourut de toutes parts pour saluer le soubab et que, pendant plusieurs jours, la ville ne compta pas moins d’un million d’habitants.

Bussy n’avait pas eu tort deux ou trois mois auparavant de conclure un accord avec Balagirao. Tant au dehors qu’à l’intérieur, Salabet j. paraissait bien être le maître incontesté du Décan.