Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/198

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ajoutait-il, si après avoir procuré à la Compagnie tant d’avantages signalés, « on prend un mauvais parti, le mien sera de me retirer au plus tôt dans ma patrie pour ne pas voir la chute de la gloire, des honneurs et richesses qu’on avait procurés à la nation par tant de travaux et de risques. » On désignait évidemment Godeheu[1].

Le surlendemain 9 juin fut le jour de la séparation. Le soubab vint lui-même prendre congé de Bussy et conféra à tous ses officiers le titre de mensebdar. Les seigneurs présents lui confirmèrent ce qu’ils avaient dit l’avant-veille que lui seul était capable de les défendre contre les Marates et d’assurer la sécurité du royaume. Puis on se sépara avec les démonstrations d’usage qui cette fois étaient sincères. Chanavas kh. ne songeait pas comme Lasker kh. à se débarrasser de Bussy par quelque machination ténébreuse.


Départ de Bussy pour la côte. Arrivée de Godeheu à Pondichéry. — Le voyage jusqu’à Bezoara se passa sans incidents. Bussy n’était préoccupé que de l’arrivée de Godeheu ; il se demandait quels arrangements pour l’Inde prendrait le commissaire du roi et il craignait fort qu’on ne mêlât les affaires du Carnatic avec celles du Décan pour les confondre dans le même discrédit. Cependant, ici tout était tranquille et s’il y avait présentement quelques sacrifices financiers à faire, ils seraient aisément compensés l’année suivante. Ce serait un aveuglement réel d’abandonner des biens aussi certains que ceux qu’il avait acquis à la Compagnie à des conditions peu onéreuses. Bussy espérait que Godeheu ne prendrait aucune résolution

  1. Par manière de riposte à la venue de Godeheu, Bussy fit répandre le bruit que Saunders, qui devait rentrer en Angleterre, était rappelé à la demande du roi de France.