Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/199

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avant d’être venu jusqu’à Haïderabad, où il verrait la gloire de la nation dans toute sa splendeur.

« Rien n’est plus disgrâcieux, pour vous et pour moi, écrivait-il à Dupleix le 18 juin, que de travailler comme nous l’avons fait pour le bien de la nation et de n’en être, je ne dis pas récompensé, mais même remercié et cela par l’aveuglement où elle est et où elle veut toujours être sur ses intérêts. C’est donc à ceux qu’elle a choisis pour en prendre connaissance à voir le vrai ou le faux. Après avoir vu le réel et le solide, ils pourront aussi voir le glorieux et brillant état des Français en poussant jusqu’à Haïderabad. »

Sur ces entrefaites, Bussy reçut des lettres tout à fait affectueuses de Dupleix des 10 et 11 juin. On lui donnait toutes satisfactions au point de vue financier en lui abandonnant les revenus de la province de Condavir, on approuvait ses intentions de ne pas se sacrifier outre mesure aux intérêts du soubab, on lui donnait enfin pleins pouvoirs pour arranger comme il l’entendrait les affaires des nouvelles provinces.

Tout ce que nous avions fait pour le soubab, lui disait en substance Dupleix, n’était que par reconnaissance, mais ce sentiment ne devait pas nous conduire à tout perdre pour le soutenir ; il fallait s’accommoder aux circonstances et Bussy en était le meilleur juge. On n’avait jamais eu l’intention d’enchaîner sa liberté d’action ou de rendre son séjour dans le Décan perpétuel.

« Vous avez toujours ma même confiance, ajoutait Dupleix, je ne vous l’ai jamais retirée et tout ce que vous me dites à ce sujet est bien inutile ; je connais vos sentiments ; aussi je ne suis jamais repenti de vous l’avoir donnée. Agissez donc comme vous le jugerez le plus convenable ; je n’ai nul dessein de vous gêner dans vos opérations… Vous arrangerez les affaires de ces