Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/21

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nation acquerreront est bien véritable et si on m’a l’obligation de l’idée, que ne vous doit-on pas pour l’exécution. Je vous l’ai déjà dit plusieurs fois, je ne puis trop vous remercier et trop vous prier de soutenir et de terminer ce que vous avez si bien commencé… »

Puis, l’imagination aidant, voilà que s’ouvrent tout à coup des horizons insoupçonnés. Aurengabad est plus près de Delhi que de Pondichéry ; pourquoi ne pas étendre notre suprématie sur l’Inde tout entière ? Quand on a traversé 1.100 kilom. sans perdre un homme autrement que par la maladie, il semble que ce soit un jeu d’aller jusqu’à la capitale du Mogol. Cependant ce n’est pas encore de ce côté que Dupleix songe à porter ses pas : le Bengale lui paraît d’une conquête plus facile et pour le moment plus utile à nos intérêts.

Là régnait depuis 1739 Aliverdi kh. qui a laissé dans l’histoire de l’Inde le nom d’un homme hardi et résolu. Malgré de nombreux insuccès, ses entreprises habilement menées avaient toujours tourné à son avantage. Mais précisément pour ce motif on craignait qu’un jour, par humeur ou par ambition, il ne vint à tout bouleverser. Ne serait-il pas conforme à l’intérêt général de le renverser et de lui substituer un prince plus calme et plus complaisant ?

Le candidat était tout trouvé ; c’était Salabet j. Le prestige qu’il venait d’acquérir dans le Décan faciliterait son avènement. Dupleix s’en ouvrit à Bussy dès le 4 août et lui dit que le moment était enfin venu de tirer vengeance de tous les affronts que nous avions reçus à Chandernagor ; la puissance d’Aliverdi kh. n’était qu’un leurre et, avec l’appui de nos forces, il serait aisé de faire triompher Salabet j.

Quels bénéfices ne recueillerons-nous pas de cette