Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/22

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révolution ? Lorsque ce prince serait installé au Bengale, nous devrions tâcher d’avoir autour de Chandernagor des aldées rapportant de 100 à 200.000 rs. de revenus. Ainsi s’étaient constitués ou développés nos établissements de Pondichéry, Karikal, Mahé et Mazulipatam. L’empire français de l’Inde se formait peu à peu par ces juxtapositions successives.

Bussy devait naturellement être chargé de l’opération. Comme Dupleix avait quelque raison de penser que l’idée ne conviendrait pas à la Compagnie, il pria Bussy de la lui soumettre directement ; on se défierait moins de ses propositions ; il pourrait dire certaines choses qui étaient interdites à Dupleix (Lettre du 4 août).

Le projet était grandiose. Il n’est pas certain que Dupleix l’ait mûri longuement et s’y soit sérieusement attaché, puisque tout en l’exposant à Bussy, il lui recommandait avec instance de le tenir absolument secret. Il suffit cependant qu’il en ait eu l’idée pour qu’on puisse dire avec une sorte de certitude que, dans sa généreuse ambition pour son pays et pour lui-même, Dupleix n’avait pas toujours le sens des réalités. Il marchait trop volontiers de l’avant sans consolider les résultats acquis. À ce moment, nous n’avions même pas commencé le siège de Trichinopoly et Mahamet Ali restait toujours une menace dans le Carnatic.

Au reste, les affaires intérieures du Décan, sans être inquiétantes, ne laissaient pas que de donner quelques soucis. Nos succès avaient accru notre prestige, mais avaient développé dans la population un certain esprit national : qu’étaient ces Français qui restaient dans le pays moins pour le protéger que pour le dominer ? Pour éprouver les sentiments des uns et des autres, Dupleix suggéra à Bussy un plan assez ingénieux. C’était de