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répandre discrètement le bruit de notre départ, comme si notre œuvre était terminée, et demander ensuite en plein durbar l’autorisation de revenir à Pondichéry. Cette épreuve était nécessaire. Nul doute que le soubab désirât nous retenir ; mais ses ministres et les grands du royaume, quelle serait leur attitude ? Dupleix comptait que, quel que fût leur désir de nous voir hors du Décan, ils n’oseraient pas le manifester ; loin de là, ils nous prieraient sans doute de renoncer à nos projets. Nous pourrions ainsi rester, sans que personne pût nous accuser de poursuivre un autre but que la protection du pays. Nos ennemis même devraient feindre de croire à notre désintéressement.

Dupleix renouvela à cette occasion à Bussy sa ferme volonté qu’aucune récompense nouvelle ne fut demandée au soubab pour prix de la continuation de nos services (Lettre du 8 août). La fortune de Bussy et celle des autres officiers s’était assez accrue ; il ne fallait plus témoigner au nabab que de la reconnaissance[1].

Dupleix eut enfin l’idée de faire écrire par Salabet j. au roi de France et au Contrôleur Général deux lettres qui, pour produire plus d’effet, devaient être accompagnées l’une d’un présent de deux Laks et l’autre de 50.000 rs[2]. On sait que pour son compte personnel Dupleix n’hésita jamais à employer ces moyens de persuasion : seule-

  1. Plusieurs officiers qui s’étaient enrichis demandèrent à repasser à la côte ; Dupleix le leur refusa.
  2. Dupleix tenait beaucoup à ce que les cadeaux fussent proportionnés à la dignité de celui qui les recevait. À la suite de l’accommodement entre Salabet j. et Balagirao du mois d’avril précédent, tous deux lui envoyèrent un serpeau ; il jugea celui de Salabet j. indigne de sa situation et y fit ajouter 2 laks de roupies, afin qu’il ne fut pas dit que ce prince ne savait pas témoigner sa reconnaissance (Lettre du 27 juin).