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Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/262

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Dupleix exposait ensuite les événements survenus dans l’Inde depuis le mois de février jusqu’au début d’octobre 1753 : prises de Trivady et de Chilambaram, échecs d’Astruc, de Brenier et de Maissin devant Trichinopoly et s’efforçait d’atténuer la gravité des échecs, qui en effet furent de peu de conséquence, si l’on entend par là qu’ils n’entraînèrent pour nous aucune perte de terrain. Puis il rappelait en quelques mots le mémoire qu’il adressait le même jour à la Compagnie sur la nécessité d’avoir dans l’Inde un revenu fixe et concluait en insistant assez longuement sur la nécessite d’entretenir des troupes auprès de Salabet j., de qui nous tenions toute notre autorité. Il espérait que la Compagnie serait satisfaite des actions et des rapports de Bussy et terminait par ces mots :

« Je m’arrête, Monseigneur, et vous prie d’avoir pour moi l’indulgence que je ne fonde que sur vos bontés. Si je n’en suis plus digne, permettez-moi d’en aller pleurer la perte ailleurs qu’ici et de convaincre toute la terre que, de tous les chagrins que je reçois, celui de nous avoir mécontenté me pénètre le plus[1]. »

D’après ce que nous pouvons savoir par diverses correspondances ou informations — et elles ne sont ni nombreuses ni précises — le mémoire de Dupleix à la Compagnie provoqua une assez forte impression. On reconnut généralement que Dupleix avait agi avec moins de passion et d’entraînement qu’on ne l’avait cru et la théorie des revenus gagés par une occupation de territoire parut assez convaincante. S’il l’avait développée deux ans plus tôt, peut-être aurait-elle rallié une majorité de partisans, mais à quoi pouvait-elle servir aujourd’hui, puisque, selon toute apparence, Godeheu était déjà arrivé dans

  1. Mémoire pour la Compagnie, pièces justif. p. 41-60.