l’Inde, où il avait sans doute réglé toutes les affaires. L’eût-on désiré, il était trop tard pour modifier ses instructions.
À la cour, les opinions étaient divisées. Sous l’influence de la Bourdonnais[1] de hauts personnages avaient déjà pris parti contre Dupleix et quelques autres, comme le maréchal de Noailles désertèrent sa cause ; d’autres au contraire trouvèrent que le mémoire était parfait et essayèrent de faire prévaloir leur opinion. De ce nombre était le prince de Conti, petit-fils de Louis XIV, à qui le roi rêvait de faire obtenir la couronne de Pologne. Autant que les sentiments de Sa Majesté pouvaient déterminer un courant, ce courant était favorable à Dupleix.
L’impression de la Compagnie nous est moins connue, au moins officiellement. Celle-ci ne fut sans doute pas insensible aux considérations développées par Dupleix, mais des raisons supérieures, étrangères à l’Inde elle-même, inspiraient sa conduite. Les nouvelles d’Amérique étaient inquiétantes ; le moment n’était peut-être pas bien choisi pour se lancer dans une politique qui, du Canada jusqu’aux Indes et jusque dans l’Europe elle-même, pouvait nous entraîner dans une guerre avec les Anglais. La Compagnie restait en fait impénétrable ; il ne transpirait rien ou peu de chose de ses sentiments : selon la pittoresque expression du neveu de Dupleix, « son dépôt est un gouffre qui engloutit tout et d’où il ne sort rien. À peine même une partie de ses membres prend connaissance de tout. » (B. N. 9147, p. 271-283).
Les parents et amis de Dupleix furent naturellement plus faciles à convaincre. L’aîné de ses neveux lui écrivit l’un des premiers, le 25 juillet 1754, que le mémoire
- ↑ La Bourdonnais mourut le 10 novembre 1753.