Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/281

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

consolider les choses au point où elles en sont et dans ce but envoyer de puissants secours et se mettre en état de frapper de grands coups afin de dégoûter Mahamet-Ali de l’alliance des Anglais. Certes nous augmenterons provisoirement nos frais, mais il ne faut pas voir les profits momentanés ; il faut avant tout donner de la confiance et du crédit à la Compagnie, sans quoi elle se bornera à un commerce purement d’économie qui sera en quelque sorte un commerce de pacotille, plus préjudiciable qu’avantageux à l’État.

D’Espréménil concluait donc en conseillant de ne rien céder, sauf peut-être quelques petits morceaux, qu’il n’indique pas. Ce serait aux gens autorisés à étudier ces cessions sur place, sans s’en rapporter à ce que la cabale peut dire ou écrire à Paris.

On ne peut reprocher à ces observations de manquer de précision ni même d’audace. Dupleix ne les eût pas désavouées, elles correspondaient merveilleusement à sa conception qui était de ne pas avoir peur des Anglais et de ne rien leur céder.


Le mémoire de Roth. — Près d’un an se passe. Non seulement un commissaire français est désigné pour l’Inde, mais il est embarqué et sans doute arrivé à Pondichéry. La polémique continue moins autour de la personne de Dupleix que du programme à suivre désormais. Convient-il de rejeter absolument toutes ses conceptions et de revenir à la politique traditionnelle de la Compagnie qui consistait à n’avoir d’établissements qu’à la côte ? Roth n’acceptait pas cette alternative Roth était un ancien marchand de la Compagnie qui avait résidé plusieurs années en Chine et fait un long voyage d’études dans l’Inde en 1753 ; il avait vu Pondi-