Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/292

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tait comme tranquille possesseur du royaume de ses pères et n’étant entré dans notre alliance que pour aider Chanda S. à recouvrer ses états.

L’accord du 13 juillet et la victoire d’Ambour qui le suivit presque immédiatement, furent connus en France sept mois plus tard, par une lettre de David, gouverneur des îles de France et de Bourbon ; la lettre de Dupleix n’arriva qu’après. Pour instruire la Compagnie d’un événement aussi glorieux, Dupleix avait employé des couleurs d’autant plus séduisantes que, comme nouveau témoignage de leur reconnaissance, les nababs avaient donné Mazulipatam à la Compagnie, accru le territoire de Villenour et cédé le district de Bahour avec ses aldées. Il est vrai qu’en retour, Dupleix laissait entendre qu’il comptait donner 800 blancs à Chanda S. pour l’aider à poursuivre ses succès et notamment à prendre Trichinopoly où Mahamet Ali s’était réfugié ; — mais le tout aux dépens de Chanda S. et sans qu’il en coûtât rien à la Compagnie (Lettre du 31 octobre 1749).

La nouvelle de ces succès, s’ajoutant à la belle défense de Pondichéry qui était encore dans toutes les mémoires, ne pouvait que flatter agréablement l’amour-propre de la Compagnie. Comme elle le reconnaît elle-même dans son Mémoire contre Dupleix publié en 1763,

« on se réjouit de nos succès, et l’on ne réfléchit pas assez sur les suites d’une alliance qui, sans être à notre charge, pouvait néanmoins devenir dangereuse, par cela seul qu’elle nous faisait sortir de cette neutralité, si nécessaire à toute compagnie commerçante. Ce fut une faute, sans doute, et pourquoi les syndics et directeurs hésiteraient-ils à en faire l’aveu ? Dans une administration aussi étendue, aussi compliquée que celle qui leur est confiée, on présumerait trop si on croyait ne s’être jamais trompé. »