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§ 2. — Jugement sur les événements survenus depuis le 3 octobre 1750 jusqu’à l’envoi d’une armée dans le Décan en janvier 1751.

Franchissons une nouvelle étape. À l’automne de 1751, on apprit la mort de Nazer j. tué le 16 décembre 1750. La disparition de ce prince pouvait marquer la fin des hostilités, puisqu’il paraissait être le seul obstacle au rétablissement de la paix. Quelle ne fut pas la surprise de la Compagnie en apprenant que non seulement Dupleix n’avait pas profité de ses succès pour déposer les armes, mais qu’il avait envoyé une armée dans le Décan avec Bussy et que, non content de créer une sorte d’empire français à la côte Coromandel, il s’établissait encore à la côte d’Orissa et créait à Mazulipatam le centre d’une nouvelle province soumise à notre domination ! Dupleix eut beau écrire des lettres pleines de confiance, où il annonçait la paix comme prochaine ; la Compagnie et les ministres commencèrent à craindre qu’il ne fût victime de ses propres illusions ; on ne croyait pas encore qu’il put chercher à les tromper. Des lettres particulières reçues de l’Inde étaient loin d’être aussi rassurantes. Un employé révoqué, du nom d’Aubry, avait donné l’alarme ; les conseillers exprimaient leurs inquiétudes et d’aucuns firent connaître que, si notre autorité croissait, c’était dans un amoncellement de nuages et sous la menace des tempêtes. Les Anglais, d’abord indifférents à nos succès dans l’espoir qu’ils nous épuiseraient, s’étaient ressaisis et, suivant les prévisions de Saint-Priest, faisaient nettement alliance avec notre ennemi, Mahamet Ali.