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Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/304

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Une nouvelle série de lettres va nous traduire les inquiétudes naissantes de la Compagnie.


Lettre de Delaître, du 7 octobre 1751. — Au milieu du désarroi que ces nouvelles jetaient dans les esprits, Delaître, l’un des syndics de la Compagnie, adressa à Machault la lettre suivante :

« Il me paraît qu’on ne peut travailler à assurer la situation de la Compagnie dans l’Inde que dans deux systèmes, l’un de paix et de tranquillité où l’on se bornerait à ses anciennes possessions ou du moins à celles qui pourraient se concilier avec la bienveillance des princes du pays, où l’on se contenterait à l’égard du commerce, vis-à-vis des Maures, des privilèges qu’ils nous ont accordés et, vis-à-vis des nations européennes de le partager comme le passé avec elles. L’autre système serait celui de domination et d’agrandissement, où l’on voudrait augmenter ses possessions, soit pour en tirer des revenus soit pour en tirer pour le commerce des avantages dont on priverait les autres nations, où l’on voudrait obtenir de plus grands privilèges que les autres compagnies qui donneraient sur elles de la supériorité dans le commerce.

« Si l’on veut suivre ce dernier système, M. Dupleix et le conseil actuel de Pondichéry y peuvent être propres et en être chargés, mais il faut pour y réussir se résoudre à le soutenir dans l’Inde d’ici à plusieurs années avec des forces considérables en vaisseaux, hommes et argent et à courir les risques de la guerre en Europe.

« Si au contraire on veut suivre un régime de paix, il paraît absolument nécessaire de remettre le gouvernement de l’Inde en d’autres mains que celles de M. Dupleix et de le rappeler sous d’honnêtes prétextes, mais de manière qu’il n’ait pas le choix de rester ou de revenir, Quelques ordres qu’on lui envoie, de quelque autorité qu’ils soient revêtus, on ne peut se flatter de leur exécution ; tout ce qui dépend de la Compagnie à Pondichéry, gouverneur, conseillers, militaires, est intéressé à les