Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/318

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Mais, quelles que soient les instructions données, on ne fera point cesser les griefs des Anglais et les Hollandais tant que subsisteront sur les autres nations les prérogatives commerciales qu’on obtient des princes de l’Inde soit par des traités de commerce exclusif dans leur pays, soit par des exceptions de droits sur les marchandises et tant que continueront les secours d’hommes, d’armes, munitions et argent que, pour obtenir ces privilèges, on accorde aux princes de l’Inde dans les guerres qu’ils soutiennent entre eux.

Comme conclusion, nous ne pouvons nous refuser de soutenir les Maures si les Anglais en font autant ; l’important est de ne pas exposer nos troupes trop loin de leur base d’opération, qui est Pondichéry. » (B. Nat. 9355, p. 251-255).

Ne pas exposer trop loin nos troupes ! elles étaient à ce moment à Aurengabad, non pas à 200 mais à 400 lieues de Pondichéry. On pouvait légitimement avoir quelque inquiétude sur leur sort, non moins que sur l’opportunité d’opérations aussi audacieuses. Cependant l’auteur ne paraît pas autrement anxieux ; à part quelques revers sans gravité, la fortune n’a cessé de nous sourire depuis trois ans ; pourquoi ne continuerait-elle pas de nous être propice ? Le succès n’appelle-t-il pas le succès ? Mais, comme un voyageur embarqué par un temps d’orage, il contemple quand même avec une curiosité soucieuse les nuages de l’horizon. Selon une formule employée un jour par Dupleix, 600 hommes armés de bâtons sont quelquefois plus forts que 25 autres armés de fusils.

La prolongation des hostilités provoquait au fond plus de nervosité que de crainte effective et l’on ne se passionnait qu’avec une extrême modération pour des événements aussi lointains ; seuls les initiés y portaient intérêt. Ceux qui voulaient être rassurés l’étaient pleinement par les