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Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/337

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ment à notre perte, que nos ennemis sont communément bien aises de grossir. »

Dans un post-scriptum du 17 janvier, la Compagnie ajoutait :

« Nous vous envoyons ci-joint les nouvelles que le gouvernement d’Angleterre a fait publier sur les affaires de l’Inde ; nous voyons par ces nouvelles et nous savions d’ailleurs par des voies indirectes, que vous aviez formé le dessein de reprendre Arcate et que vous y aviez échoué. Vous en saviez sûrement le mauvais succès avant le départ du Dauphin[1] et la Compagnie trouve très mauvais que vous n’ayez fait embarquer tous les officiers de ce navire avec précipitation que pour lui cacher une nouvelle aussi intéressante.

« Il n’est peut-être pas hors de propos de vous observer qu’à l’arrivée de M. de la Touche en Europe, le bruit se répandit qu’à son départ de Pondichéry, on y disait la mort de Muzaffer j. Cette nouvelle s’est trouvée véritable ; on est surpris que vous ayez pu l’ignorer, que vous ayez négligé de l’approfondir, que vous n’ayez pas au moins instruit la Compagnie qu’on répandait mal à propos cette nouvelle, si vous la présumiez fausse. En un mot, Monsieur, votre silence a été trouvé très reprehensible[2]. »

Signé : Montmorency-Laval, le marquis du Châtelet, Colabau, Verzure, Delaistre, Duvelaër, David, Saintard, Castanier, Michel, Gilly et Godeheu d’Igoville. Vu : Machault.

À part une certaine impatience et un commencement d’énervement qui apparaît en ces dernières lignes, la Compagnie ne manifeste pas encore d’une façon très sensible ses reproches à Dupleix ; elle comptait qu’il profiterait du malheur de Trichinopoly pour cesser les hostilités et dans l’attente d’une paix qu’elle espérait très prochaine

  1. On se rappelle que le siège d’Arcate avait été levé le 20 novembre 1751, par Goupil et Raja Sahib.
  2. V. Mémoire pour la Compagnie, p. 34-38.