Les auteurs de ces deux lettres sont évidemment des hommes connaissant les affaires de l’Inde, mais, si judicieuses, si raisonnées que paraissent leurs réflexions, leur autorité gagnerait à être signée d’un nom connu ou à se recommander d’une fonction déterminée, soit au Ministère, soit à la Compagnie.
Mémoire de Silhouette de juillet 1753. — Voici maintenant une opinion tout à fait autorisée, c’est celle de Silhouette, le commissaire même de la Compagnie. Dans sa lettre du 11 octobre 1751, il s’était borné à critiquer les actes de vénalité qui, selon lui, se passaient dans l’Inde ; nouvellement désigné pour remplir le poste qu’il occupait, il ne connaissait pas assez les affaires de la péninsule pour proposer alors des solutions catégoriques. D’ailleurs les craintes de l’avenir n’étaient encore que de simples alarmes : en 1751, nous n’avions pas subi de revers essentiels. Deux ans s’étaient écoulés et les épreuves douloureuses étaient venues : Sriringam, Caveripacom, Chinglepet, Archivac. On peut supposer que ces événements furent loin d’affaiblir les préventions que Silhouette nourrissait contre le gouverneur de Pondichéry. Ce ne fut pas cependant sous leur inspiration qu’il rédigea le mémoire qu’on va analyser. Ce mémoire ne fut composé qu’au mois de juillet ; à ce moment le rappel de Dupleix était décidé. Aussi est-ce moins à une politique bien et dûment condamnée que Silhouette va se livrer qu’à la recherche de solutions pour établir une paix raisonnable ? Sur quelles bases la fixer ? Comment se concilier avec la Compagnie anglaise ? Si l’on ne se concilie pas, quelles précautions prendre pour ne pas être la dupe ou la victime des négociations ? Toutes questions intéressant surtout l’avenir,