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mais comme il était impossible de les envisager sans jeter parfois un regard sur le passé et que d’ailleurs Dupleix était encore dans l’Inde pour de longs mois, Silhouette se trouva naturellement à considérer aussi sa politique et à la juger. Le mémoire de Silhouette fut communiqué au garde des sceaux au mois de juillet et au Comité secret de l’Inde le 3 septembre.

La situation actuelle, expliquait-il, est d’autant plus embarrassante qu’on ne peut ni abandonner ni poursuivre les projets et le système de Dupleix sans s’exposer à de grands inconvénients.

Des deux concurrents qui se disputaient le gouvernement du Carnatic, celui qui était soutenu par les Français a eu la tête tranchée. Dupleix continue la guerre contre son concurrent, appuyé par les Anglais. Grâce aux succès que ceux-ci ont obtenus, il n’est pas douteux que s’ils s’unissaient à Mahamet Ali pour faire le siège de Pondichéry, cette ville dût courir les plus grands dangers.

Toutes nos espérances sont fondées sur le vice-roi du Décan, auquel le gouverneur du Carnatic est subordonné. Mais on sait que presque partout les vice-rois et les gouverneurs se sont rendus indépendants. Partout ne règnent que les factions, les troubles et la guerre. Le Mogol a donné des patentes à Salabet j. pour la soubabie du Décan, mais il en a donné également à son frère. Il est vrai que ce frère [Gaziuddin K.] aurait été tué ; ce serait important dans la situation où se trouve Dupleix dont toutes les espérances sont basées sur le maintien de l’autorité de Salabet j.

Dupleix se propose, au moyen du secours de troupes qu’il demande à la Compagnie, de se rendre maître de ce vaste royaume et d’y faire la loi sous le nom du soubab. Il envisage les plus grands avantages si l’on prend ce parti et au contraire les plus grands inconvénients si l’on abandonne le prince.