Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/351

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Pour mieux faire comprendre sa pensée, il a envoyé en France Amat et d Auteuil. Ces délégués exposent que maître du Décan et par suite de la côte Coromandel, non seulement Dupleix pourrait faire augmenter nos concessions à son gré, mais qu’il pourrait encore faire expulser les autres nations européennes quand il le jugerait à propos, — système évidemment avantageux pour la puissance, la richesse et le commerce de la Compagnie ; — si au contraire nous cessons de soutenir Salabet j., nous perdons tous ces avantages et ce sont les Anglais qui prendront notre place.

Silhouette estime que ces arguments sont bons pour émouvoir l’imagination et entraîner l’opinion mais qu’ils n’ont pas d’autre valeur. « L’idée de donner la loi à tout le Décan avec une poignée de Français contre lesquels toutes les nations européennes s’uniront est une folie. La crainte que tout ne soit perdu pourrait être la suite d’un projet aussi vaste, qui serait entrepris et manqué. Il s’agit de prendre un sage milieu qu’on ne doit pas se dissimuler être extrêmement difficile dans les circonstances actuelles et qui même n’est point exempt de dangers.

« On pose pour principe qu’il ne convient point à la Compagnie de se rendre dans l’Inde une puissance militaire et qu’elle doit se borner aux objets de commerce. En conséquence elle ne doit avoir que des établissements qui sont nécessaires à son commerce ; car toute puissance qui a une grande étendue de domination est obligée d’avoir des troupes pour garder et défendre ses états ; elle est indispensablement obligée de veiller à toutes les révolutions qui peuvent arriver dans les autres états. Dès lors elle intervient dans toutes les affaires politiques de ses voisins et la guerre ne peut guère s’allumer entre eux quelle ne soit dans la nécessité d’y prendre part.

« C’est là l’inconvénient où est tombée la Compagnie des Indes et où elle se trouve actuellement… »