Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/352

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Dupleix s’est fait donner la province d’Arcate qui elle seule est un vaste royaume ; il a obtenu le commandement de tout le pays, du Quichena au Cap Comorin ; il a obtenu encore Mazulipatam et Divy, sans compter des concessions moins considérables à portée de Pondichéry et de Karikal. Les Anglais de leur côté ne se sont pas oubliés ; ils sont à Arcate et à Trichinopoly.

« La Compagnie a été éblouie dans le commencement par la concession d’aldées dont elle a envisagé le revenu comme un moyen de payer ses dépenses. Renfermée dans certaines bornes, la concession en pouvait être utile et avantageuse, mais on n’a pas assez mûrement réfléchi sur les conséquences qu’entraînerait leur multiplicité et on aurait regardé comme une absurdité de se borner à quelques centaines de mille livres de rentes, lorsqu’on pouvait calculer par millions. C’est de là néanmoins que sont venus les guerres et l’épuisement où se trouve actuellement la Compagnie…

« On ne peut pas éparpiller des troupes en petit nombre dans une aussi grande étendue de pays sans les anéantir. C’est ce qui est arrivé. La Compagnie a fait les plus grands envois dans l’Inde ; elle y est aujourd’hui sans troupes, sans munitions de guerre, sans argent et avec des alliés quelle est obligée de soutenir, tandis qu’elle peut à peine se défendre des ennemis qui l’attaquent elle-même. Elle est plus que jamais ensevelie dans les négociations des princes maures, dont l’inconstance et la perfidie peuvent également servir suivant les circonstances à la relever ou à compléter sa ruine.

« L’instabilité des succès doit apprendre que ce n’est point sur une pareille base qu’il convient d’établir la paix. Si l’on veut revenir à un système de commerce et qui soit solide, il faut renoncer à tous les titres et à toutes les possessions qui peuvent entretenir la guerre dans l’Inde et qui peuvent obliger la Compagnie d’intervenir dans toutes les affaires des princes