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Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/368

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gouverneur a toute la confiance de la Compagnie.

3° La mort de Nazer j. (16 décembre 1750) et l’envoi d’une armée dans le Décan, résolue le 15 janvier suivant, dominent la troisième phase de l’évolution des sentiments de la Compagnie et de l’opinion.

Un homme se trouve qui comprend à merveille les deux politiques en présence : l’ancienne avec le commerce limité à la côte et partagé également entre toutes les puissances européennes ; la nouvelle avec des monopoles exclusifs et des agrandissements territoriaux peut-être avantageux dans l’avenir, mais qui dans le présent, nécessiteront l’envoi de beaucoup de soldats et provoqueront la ruine du commerce. Si l’on veut s’en tenir aux traditions, il ne faut pas hésiter à remplacer Dupleix, trop absolu dans ses opinions et qui n’obéira pas aux ordres mêmes qu’on pourra lui donner. Et Delaître, l’auteur de ces critiques, proposait déjà Godeheu pour le remplacer.

L’envoi dans le Décan d’une armée baptisée escorte ne fut approuvée de personne ; on craignait qu’elle ne fût trop aventurée et Dupleix reçut l’ordre formel de la rappeler à Pondichéry.

Dans un ordre d’idées plus délicat, on commençait à être ému ces avantages particuliers que les officiers de notre armée et Dupleix lui-même retiraient de nos conquêtes sous forme de gratifications ou de concessions personnelles et l’on craignait que des avantages abusifs ne détournassent de nous l’esprit des populations et ne nous exposassent à de dangereuses représailles. Le caractère héroïque de nos opérations en paraissait quelque peu terni.

On avait toujours confiance dans la fortune de Dupleix puisqu’on n’avait encore éprouvé aucun revers,