Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/373

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désirs. On causa entre Paris et Londres, on causa même pendant trois ans, mais l’issue ne fut pas ce qu’il espérait. En transmettant sa lettre en Angleterre, Saunders, pressé par le départ du courrier, s’était borné à dire que tout y était à peu près faux ; le 24 janvier 1753, on attendait encore des explications. Arrivées peu de jours après, elles permirent aux directeurs de s’engager en toute connaissance de cause. L’Angleterre est maîtresse dans l’art de manœuvrer les peuples et il est rare qu’en négociant elle ait jamais perdu le moindre avantage. Dans l’occurrence, elle pouvait d’autant plus aisément pousser sa pointe que si, par aventure les articulations de Dupleix étaient fondées, la capitulation de Sriringam en avait presque aussitôt sapé la base ; la raison du plus fort dominait.

Ce fut la compagnie anglaise qui engagea le débat. Au cours d’une conversation privée, qui eut lieu au début de février, entre Le Rouge, agent de la compagnie française à Londres et Baker, président de la compagnie anglaise, celui-ci parla d’une conférence où leurs représentants respectifs pourraient examiner les affaires de l’Inde. Le ministère français ne vit que des avantages à cette proposition et comme à ce moment Duvelaër, un des directeurs, et son frère, le comte du Lude, devaient aller à Londres pour leurs affaires personnelles[1], le garde des sceaux Machault jugea qu’il était convenable de profiter de cette occasion pour les charger de négocier également un accord qui pourrait intervenir entre les deux compagnies. « On ne peut trop

  1. Le comte du Lude devait, dès le 15 janvier, se rendre prochainement à Londres pour traiter d’une question d’or lui appartenant qui avait été arrêté sur un vaisseau anglais (B. N. 9148, p. 92-95).