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main, il y eut une dizaine de combats assez chauds en divers endroits, l’un notamment au passage d’un ghate où Kerjean culbuta Balagirao. Les Marates, dit Bussy en faisant à Dupleix le récit de cette action, montaient les montagnes avec leurs chevaux comme de vrais cabris. À la suite de cette montagne s’étendait une belle plaine. Les troupes marates s’y étant reformées tombèrent sur la gauche de notre armée, où elles jetèrent quelque confusion. Bussy accourut avec 100 blancs et 300 cipayes et quelques indiens, mais s’étant trop avancé et n’étant point soutenu par les Indiens, il se trouva tout d’un coup fort exposé, sans pouvoir reculer. Il appela Degrez avec les gens de pied et, aidé de ce renfort, fondit sur l’ennemi avec les dragons. Les Marates se retirèrent en désordre avec une perte de 4 à 500 cavaliers. Bussy fut alors rejoint par Salabet j. qui le félicita très chaleureusement. Les chefs de l’armée eux-mêmes reconnurent que sans nous la journée eut été à Balagirao.

Bussy aurait voulu profiter de ce succès pour ne pas laisser reposer Balagirao et l’attaquer à fond ; il en fut dissuadé par le divan qui lui représenta que vraisemblablement toutes ses manœuvres seraient aussitôt connues de l’ennemi. Mais dans la nuit du 3 au 4 décembre, il y eut une éclipse. C’est le moment où les gentils font leurs cérémonies ; dans le camp marate, on faisait un tapage effroyable pour chasser le dragon qui dévorait la lune. Le divan lui-même déclara que nulle occasion n’était plus favorable pour une attaque. Tout fut préparé à l’instant même et une heure après minuit, Bussy se trouva tout à coup avec ses hommes au milieu du camp ennemi qui n’était qu’à une lieue du nôtre. Ce fut en vain que Balagirao avait été prévenu par trois fusées, trois coups de canon et une cinquantaine d’alcaras ; il n’en fut pas moins sur-