Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/381

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Duvelaër demanda ensuite que, dans le cas où une guerre éclaterait en Europe entre leurs gouvernements, les deux compagnies se missent d’accord pour proclamer et maintenir la neutralité dans leurs possessions au-delà du Cap de Bonne-Espérance. Les commerçants anglais n’étaient pas hostiles à cette idée ; ils calculaient que leur trafic dans l’Inde étant trois fois plus important que le nôtre, ils risquaient beaucoup plus que nous, si, comme il était probable, nous autorisions la guerre de course dans l’Océan indien. Les marins au contraire, estimant que la puissance continentale de la France était plus forte que celle de l’Angleterre, trouvaient équitable qu’en compensation l’Angleterre profitât de tous les avantages qu’elle pouvait avoir sur mer. C’était la théorie qui avait prévalu en 1744, lorsque, sans attendre les pourparlers pour la neutralité que Dupleix avait engagés avec les gouverneurs de Madras, de Bombay et de Calcutta, Barnet s’était emparé des vaisseaux français dans les îles de la Sonde et dans la mer des Indes. Cette théorie prévalut encore une fois et la proposition de Duvelaër fut écartée.

Restait le fond même du débat. Par quels moyens et sur quelles bases rétablir la paix dans l’Inde ? La France devait-elle reconnaître Mahamet Ali, comme l’exigeaient les Anglais et, pour établir entre les compagnies un équilibre parfait, lui fallait-il renoncer à la plupart de ses acquisitions, même à celles de la côte d’Orissa ? Ce fut tout l’objet des négociations qui suivirent.

Après avoir pris des renseignements de divers côtés et obtenu de la Compagnie française elle-même des précisions sur la valeur de ses possessions et acquisitions, le Comité secret anglais élabora et présenta le 8 novembre