Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/383

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déclarassent d’accord sur la personne à reconnaître en qualité de nabab. Ils proposèrent en conséquence d’ajouter au texte français un article par lequel il serait entendu que si Mahamet Ali était encore en vie au moment où la convention parviendrait dans l’Inde, les deux parties le reconnaîtraient comme nabab ; s’il était mort ou dépossédé de ses états, elles reconnaîtraient celui que le Grand Mogol aurait désigné ou désignerait pour le remplacer.

Cette addition, d’apparence inoffensive, mettait en cause le privilège de légitimité sur lequel Dupleix n’avait cessé de s’appuyer ; on sait qu’à ses yeux et conformément aux traditions de l’Empire, le soubab du Décan avait seul le droit de disposer de la nababie du Carnatic. Faisant sienne cette doctrine, la Compagnie française ne voulut pas admettre que Mahamet Ali ou son successeur tint directement son investiture du Mogol, mais n’osant offrir celle du soubab du Décan, contre laquelle elle sentait une opposition irréductible, elle proposa que Mahamet Ali ou son successeur fussent désignés « par une autorité légitime suivant les lois et les usages de l’Empire Mogol. »

Il n’est pas besoin de dire à quelles interprétations sans issue pouvait conduire l’adoption de ce texte ; quelle était cette autorité légitime ? qui avait qualité pour la désigner ? Si l’on voulait sincèrement la paix, c’était trop sacrifier aux formules et la Compagnie tombait à son tour dans les errements de Dupleix, qui, sans tenir compte des réalités, perdit tout par amour des subtilités juridiques. Ou la nouvelle rédaction de la Compagnie française masquait une fin de non recevoir, ou elle conduisait involontairement à une impasse.

Mais pendant que l’on écrivait, le temps passait, les évé-