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nements aussi et il devint évident, à partir du mois de mai et surtout du mois de septembre 1754, que les négociations en Europe n’avaient plus qu’un intérêt théorique. On ne se mit jamais complètement d’accord sur l’article 4 du projet qui visait la nababie du Carnatic, et le comité anglais fut le premier à envisager et à proposer qu’on laissât à des commissaires envoyés dans l’Inde le soin de régler sur place les difficultés.

Les discussions portant sur l’article 5 furent plus embarrassantes encore. Cet article visait la situation respective des deux nations dans le Décan. Au moment où s’ouvrirent les négociations, les Français ne possédaient pas à la côte d’Orissa les quatre circars qui ne furent cédés à Bussy qu’au mois de novembre 1753, mais ils avaient un territoire considérable autour de Mazulipatam et de Nizampatnam, tandis que les Anglais étaient réduits à leurs loges de Bandermoulanka, Ingeram et Vizagapatam. Bien que la guerre n’eût pas été portée en cette partie de l’Inde, les Anglais n’en prétendirent pas moins qu’ils avaient droit au partage du pays dans les mêmes proportions que les Français et que là aussi leurs forces respectives devaient s’équilibrer. Nulle allusion au surplus à la situation spéciale que Bussy occupait dans le Décan ; la fiction de l’indépendance complète du soubab était encore implicitement reconnue par nos rivaux.

On voudrait pouvoir dire que la Compagnie de France se refusa à toute discussion sur ce sujet, mais comme elle désirait éviter pour l’avenir toute cause de conflit en quelque partie de l’Inde que ce fût, elle accepta le débat. Les Anglais insistaient surtout pour avoir en toute propriété l’île de Divy sur laquelle ils prétendaient avoir des droits fort anciens ; ils consentaient en retour à nous laisser soit Mazulipatam soit Nizampatnam, le reste du pays