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pouvant être neutralisé. Ces prétentions, émises d’abord de vive voix sur le ton de hauteur qui est habituel aux Anglais, émurent à ce point la Compagnie et les ministres en France que le 25 janvier 1754, Saint-Contest écrivit au duc de Mirepoix :

« Si les Anglais croient nous en imposer par des menaces et nous faire adopter aveuglement par ce moyen toutes les conditions captieuses ou même injustes que contient leur projet, ils se trompent. S’il arrivait dans le cours de la négociation que les ministres anglais vous renouvelassent les propos indécents qu’ils vous ont tenus, vous voudrez bien leur répondre que vous ne pouvez vous en fier à votre mémoire sur des objets aussi graves et que vous les priez de vous les donner par écrit… »

Ce n’étaient, hélas ! que des mots ; loin de résister à fond aux prétentions anglaises, le ministre et le roi, estimant que nous n’avions pas de marine pour appuyer notre politique, cédèrent successivement sur presque tous les points.

Avec les provinces de Mazulipatam, Mzampatnam et Condavir, la Compagnie française possédait un territoire d’environ 260 kilomètres de côte sur 75 à 100 kilomètres en profondeur, — territoire dont les revenus étaient estimés en 1753 à 994.896 rs. ou 2.387.750 livres. Les Anglais ayant brutalement exprimé le désir de posséder Divy, sous prétexte qu’ils avaient sur cette île des droits fort anciens, la Compagnie française commença par s’opposer à leurs vues et à dire qu’elle tenait essentiellement à conserver cette île et Mazulipatam ; mais, comme pour s’excuser de cette exigence, elle déclara en même temps qu’elle se contenterait de quatre, cinq ou six lieues de terrain autour de chacun de ces établissements.

L’Angleterre comprit, par ces concessions, qu’en insistant elle pourrait obtenir davantage encore et répondit