Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/393

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dans un pays ruiné et où je devais prévoir, de quelque pouvoir qu’on me revêtit, mille difficultés, mille contrariétés ? Je refusai la mission. »

L’affaire en resta là pour un temps. La prolongation des hostilités n’était pas faite toutefois pour ramener à Dupleix les esprits timorés et hésitants. Si Machault, pour des raisons de politique étrangère, avait songé à envoyer un commissaire dans l’Inde, l’opinion et particulièrement les actionnaires de la Compagnie avaient contre le gouverneur d’autres sujets d’inquiétude et de mécontentement. On l’accusait depuis longtemps de ne pas faire des retours en marchandises correspondant aux fonds qu’il recevait d’Europe et l’on insinuait qu’il détournait une partie de ces sommes pour les besoins de la guerre. Que ne dit-on pas après les mauvaises nouvelles qui circulèrent à partir du mois de janvier 1753 ? Les actionnaires l’accusèrent de vouloir les ruiner. Une sorte de panique s’empara des esprits et bientôt il n’y eut plus qu’un cri à Paris : la paix ! Dupleix aime trop la guerre et la guerre ne convient pas au commerce ! Dans le public, il y avait une infinité de gens de la cour et du premier rang, désespérés de voir que le dividende des actions n’augmentait pas et n’accroissait pas leur bien-être. Ces gens ne calculaient pas que, la guerre terminée, les revenus de la Compagnie pouvaient être augmentés de plusieurs millions ; ils ne voyaient que le dividende présent, et bien qu’il n’eût pas été diminué à l’assemblée générale de décembre 1752, ils craignaient qu’il ne fût réduit l’année suivante[1]. L’arrivée tardive du Centaure et du Bristol, au printemps de 1753, en apportant peu de détails sur les évènements de l’Inde, avait donné plus de

  1. Lettre de Saint-Georges à Dupleix du 11 novembre 1753. (B. N. 9150, p. 193-200).