Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/394

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force encore à leurs récriminations et Silhouette, l’un des commissaires du roi, épousant leur cause, accusa presque ouvertement la Compagnie de faiblesse, en disant qu’elle avait laissé à Dupleix trop de liberté pour continuer la guerre.


C’est au milieu de cette fermentation des esprits que d’Auteuil et Amat arrivèrent à Paris le 18 juin. Ils furent aussitôt reçus par les Directeurs et les Ministres et d’Auteuil eut personnellement une audience du roi. On lut leurs mémoires, et on leur demanda beaucoup d’explications ; mais si on les écouta avec attention, on se défiait tellement de leurs raisons qu’elles ne modifièrent aucune opinion. Loin de là, en examinant de près leurs documents justificatifs, on crut remarquer qu’ils n’étaient pas toujours complets ni sincères, que des passages entiers étaient inintelligibles, faute d’explication préalable, que certaines références n’avaient pas leur correspondant, que plusieurs lettres n’avaient pas été intégralement reproduites, que d’autres étaient oubliées : simples négligences ou oublis volontaires qui jetèrent le soupçon sur la documentation tout entière. On eut d’autre part la sensation que tous les troubles de l’Inde n’étaient que la suite de l’exécution des ordres de Dupleix.

Par un contraste fâcheux, on reçut par les mêmes courriers, le Bristol et le Centaure, diverses lettres de l’Inde où la politique de Dupleix n’était pas toujours jugée par ses collaborateurs avec une extrême bienveillance.

« Nous ne respirons ici qu’après la paix, écrivait des Naudières le 18 février 1752 ; son absence fait tout languir ; nos terres ne sont point ensemencées et par conséquent les vivres bien chers et le défaut d’ouvriers met les marchandises hors de prix. »