Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/44

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suite d’une entrevue que Salabet j. eut avec le frère de Balagirao. Par cette paix, le péchoua s’engageait à rendre au soubab tous les forts, villes et villages qu’il avait pris au Décan depuis la mort de Nizam, et à entretenir 2.000 Marates dans l’armée de Salabet j. Celui-ci percevrait pour son compte les revenus du Carnatic, mais ferait aux Marates leur part. Enfin Balagirao rembourserait 27 laks à Salabet j.[1]

Bien qu’on n’eut pas pris Pouna ni mis la main sur les richesses présumées de Balagirao, cette paix n’en constituait pas moins un succès. L’autorité de Salabet j. et de Bussy en sortaient consolidées ; seulement celle de Salabet j. ne l’était qu’aux dépens de son indépendance,

  1. Le vice-roi de Goa, marquis de Lavora, avait failli prendre part à la guerre. Vers le mois de septembre, Dupleix l’avait prié de se mettre en rapport avec Bussy et Salabet j. et de concerter leurs efforts contre les Marates : on lui promettait Basseïn, s’il pouvait la reprendre. La perspective de rentrer en possession de cette ville l’avait tout de suite déterminé, et il avait promis d’attaquer par mer tandis que les alliés attaqueraient par terre. Par malheur la guerre ne fut décidée qu’à la fin de novembre et lorsque les lettres de Bussy l’invitant à participer à l’action arrivèrent à Goa, il était trop tard : les vents étaient contraires. La paix qui survint sur ces entrefaites, n’interrompit pas cependant les négociations ; on fit des projets pour l’avenir. Salabet j. écrivit à Lavora au mois de mars :

    « Je vois avec une joie inexprimable les nouvelles assurances d’amitié et d’alliance avec vous et avec votre nation. Il suffit que vous soyez allié avec celle à qui je dois tout, j’entends la française, pour me livrer entièrement à vous et craindre même de perdre votre amitié. Je vous avoue, Seigneur, que je n’avais nulle connaissance de vous ni de votre nation, mais M. de Bussy m’a mis non seulement dans le cas de désirer d’être lié avec elle pour les intérêts de mon état, mais même m’a fait souhaiter ardemment d’être votre ami intime. Vous avez raison de dire que rien ne pourra résister à notre triple alliance. Avec le peu de Français qui sont avec moi, j’ai surmonté des difficultés incroyables et pour m’affermir dans la possession des biens de mon père, il a fallu prendre des villes et battre des armées nombreuses. Tout cela est l’ouvrage des Français. Que sera-ce lorsque vous y joindrez vos forces qu’on m’a dit être assez considérables ? » — (B. N. 9161, p. 150 à 161).