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il devenait de plus en plus notre obligé. Aussi perdit-il en considération ce qu’il gagnait en pouvoir : on le craignit davantage, on l’estima moins. Quant à Bussy il ne paraissait pas satisfait. Pendant quelques jours il fut soucieux et sombre et ne vit personne ; Kerjean lui-même ne parvint pas à démêler ses pensées ? Se reprochait-il d’avoir manqué de fermeté à l’égard de Seyed Lasker kh. et de Janogy, qui l’avaient manifestement trahi ? craignait-il qu’on ne l’accusât en secret de n’avoir pas détruit l’empire marate ? ou fut-ce seulement une longue fatigue du corps et de l’esprit suivie d’une soudaine détente et d’un grand besoin de repos P On ne saurait le dire avec certitude.

Quoi qu’il en soit, les événements ne tardèrent pas à le rappeler à l’activité. Arrêtée le 17 janvier, la paix fut rompue trois jours plus tard. Balagirao voulait qu’on lui livrât un nommé Sinnapetty, le seul membre du conseil marate qui eût pris notre parti et eût passé dans nos rangs ; et qu’on ne tint pas rigueur à Ragogy Bonsla de nous avoir promis son concours et manqué de parole. Il demandait encore qu’on lui laissât pendant deux mois la forteresse de Nacer Termeque, une des cinq que les Marates devaient restituer. Sans réfléchir que nous n’avions plus de vivres et peu de munitions et que la fermentation régnait dans l’armée, le divan refusa d’accéder à ce désir : pour donner cependant quelque satisfaction à Balagirao, il pria Sinnapetty de quitter le pays et celui-ci se retira auprès de Janogy.

C’était la concession qui importait le moins à Balagirao ; la conservation de Nacer Termeque l’intéressait beaucoup plus. Or c’est précisément cette place que le divan voulait enlever. On marcha pendant trois jours sans rencontrer l’ennemi. Le quatrième, le divan arriva