Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/446

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Dupleix convint bien que les revenus du Carnatic avaient fait partie de ses ressources pour faire la guerre ; mais, fait remarquer Godeheu dans sa Réfutation (p. 207), « pour me laisser fort peu d’espérance à cet égard, il m’observa que les Anglais s’étaient emparés d’une partie considérable de ces revenus ; que d’ailleurs le receveur et les subalternes n’en rendaient point de compte en règle ; qu’il n’y avait nulle voie de découvrir leur friponnerie ; qu’il fallait s’en rapporter à eux ; qu’on ne pouvait apprécier ce que valaient les paraganas (ou districts) ; qu’enfin il fallait des frais immenses pour garder les terres et les aldées. » Godeheu en conclut que l’argent que Dupleix recevait de Papiapoullé et celui qu’il tirait des caisses de la Compagnie pour solde d’un certain nombre de cipayes avoués pour être à son service, formaient une masse dont personne au Conseil n’avait connaissance aussi bien en recettes qu’en dépenses. Papiapoullé ne rendait compte qu’à Dupleix qui n’en rendait à personne. Tout cela manquait de clarté.

Godeheu fut d’abord étonné que Papiapoullé qui était simple domestique à Madras en 1751 eût acquis en si peu de temps une telle autorité et il attribua cette fortune inespérée à Mme Dupleix, dont les besoins d’argent étaient toujours inassouvis. Chacun en public accusait cet homme de tourmenter les gens pour en extorquer des fonds ; des marchands avaient même quitté la ville pour échapper à ses exactions. L’écho de ces accusations ou de ces plaintes était parvenu aux oreilles de Godeheu dès le lendemain de son débarquement et il avait fait à ce sujet au tout-puissant receveur des réprimandes motivées. Le refus de rendre des comptes suivi des explications évasives de Dupleix le décida à agir plus énergiquement et le