Aller au contenu

Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/457

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tenir compte. Ces billets valaient ce qu’ils valaient, mais ils mettaient fin pour le moment à une situation quelque peu humiliante. Après ce règlement, Dupleix ne dut plus aux marchands que 29.647 liv., qui ne devaient être payés que lorsque Dupleix aurait été lui-même remboursé des frais de la guerre.

Il s’en fallait pourtant de beaucoup que Godeheu crut à la misère de Dupleix. À ses yeux, elle était en grande partie affectée, et n’avait pour but que d’impressionner la Compagnie et obtenir d’elle de plus grandes facilités de règlement. Quant à la cause même des embarras du gouverneur, Godeheu ne cachait pas davantage son sentiment que Dupleix avait été plus d’une fois mal servi ou plutôt trompé par son entourage, notamment par sa femme et que celle-ci n’avait pas peu contribué à créer les difficultés au milieu desquelles il avait fini par se débattre. Évidemment Godeheu n’appréciait pas beaucoup le rôle de Madame Dupleix dans le maniement des affaires publiques, mais telle était aussi l’opinion d’Ananda Rangapoullé, le courtier de la Compagnie et de Saunders, le gouverneur de Madras. Tout porte à croire que ce n’étaient pas des opinions rares et peu nombreuses.

Sur ces entrefaites, Godeheu reçut une lettre de Kerjean où celui-ci lui demandait son aide pour acquitter avant son départ quelques dettes criardes. Kerjean avait en effet mis toute sa fortune à la disposition de son oncle et ne pouvait rien en retirer. Godeheu se demanda plus tard si les deux hommes ne s’étaient pas entendus pour écrire cette lettre, dans le but de mieux persuader le public de l’indigence de Dupleix ; sur l’heure, il se laissa apitoyer sur le sort de Kerjean et consentit, sur les 10.000 rs. ou 240.000 liv. demandées le 22 septembre