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à en donner la moitié, si de son côté Dupleix acquittait les dettes de Kerjean. Conformément à cet engagement, Dupleix tira le 4 octobre sur Godeheu une douzaine de traites, dont une de 12.000 liv. à son profit et les autres au nom de divers habitants de Pondichéry. Il paya les dettes de son neveu sur la part qu’il s’était réservée.

Une dernière discussion sur les comptes de Dupleix eut lieu le 7 octobre entre Godeheu et Arnaud. Ce dernier paraît avoir été dans toutes ces circonstances un intermédiaire aussi dévoué à Dupleix que prudent et mesuré dans ses réclamations. « Il est heureux qu’on l’ait envoyé ici, écrit Godeheu le 26 septembre ; il a contenu autant qu’il a pu le mari et la femme dans les bornes de la modération pour les faits, mais il n’a pas été le maître des paroles. »

Ce qui donna lieu à cette discussion, c’est qu’en 1751, un nommé Cassidas Boucongy, banquier à Arcate, avait avancé au conseil de Mazulipatam une somme de 500.000 rs. pour les besoins du commerce et le Conseil lui avait donné en échange un billet de pareille somme, dont le possesseur ne se pressa point de demander le remboursement intégral. En septembre 1754, il lui était encore dû 176.086 rs. Cassidas céda alors son billet à Dupleix pour lui permettre de payer une partie de ses dettes, mais Godeheu refusa de le recevoir, sous prétexte que la somme en question représentait des avances de guerre et non des avances destinées au commerce. La Compagnie apprécierait en France si elle devait l’acquitter.

Dupleix protesta contre cette interprétation par lettre du 6 octobre, en disant que la guerre n’avait rien coûté à la Compagnie et en proposant, si Godeheu persistait dans son refus, à rendre le billet à son propriétaire, qui en ferait ce qu’il voudrait.