Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/459

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Ce fut Arnaud qui apporta cette réponse. Reproduisons, d’après le journal de Godeheu, la discussion qui eut lieu à ce sujet ; elle est comme un avant-propos au débat plus étendu qui devait se dérouler en France sur la nature des dépenses engagées par Dupleix et la validité des titres qu’il pourrait produire. C’est déjà toute la défense delà Compagnie qui est esquissée.

« Je lui (à Arnaud) ai répondu de vive voix, dit Godeheu (journal du 7 octobre), que je remettais à la Compagnie le soin de voir si cette guerre n’avait réellement rien coûté, que cependant j’avais entendu dire à Paris que les retours qu’elle avait reçus depuis 1748 ne balançaient pas les fonds qu’elle avait envoyés, qu’outre cela je trouvais que les dépenses de la guerre jusqu’en juillet 1753 avaient été faites par les caisses de la Compagnie, sans qu’il y eut rentré un sol des revenus de la province, que je trouvais les fonds versés dans cette caisse par différents particuliers entièrement consommés, que la Compagnie devait 29 laks à M. Dupleix, etc.

« Là-dessus, M. Arnaud parut me faire entendre que si M. Dupleix disait que cette guerre ne coûtait rien à la Compagnie, c’est qu’il ne comptait pas peut-être demander à la Compagnie le remboursement de ces 29 laks ; mais ce n’est pas là être un bon comptable. Comment peut-il se passer d’une pareille somme et en faire présent ? C’est une façon d’éviter des détails qui peut-être apporteraient plus de bénéfices à la Compagnie. Car enfin que penser alors de ces trésors de Nazer j. et du secret qu’on a toujours fait à la Compagnie du revenu de la province ? Si les comptes qu’en produit M. Dupleix sont justes, où a-t-il pris de quoi faire présent à la Compagnie de 29 laks, en conservant le bien qu’il a en France ou qu’il emporte avec lui, car personne n’est dupe de sa prétendue misère ; c’est pousser un peu loin l’imprudence et l’aveuglement. Les recettes des revenus ont été faites par un homme qui lui obéissait servilement ; quelle foi ajouter à ses comptes ? Tout est dans l’obscurité d’une langue inconnue et ne peut être interprété que par