Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/461

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naires m’obligent de presser le départ des vaisseaux le Duc d’Orléans, le Duc de Bourgogne et le Centaure. Je compte que les deux premiers seront prêts à appareiller du 8 au 10 et j’ai chargé M. Lobry de vous en parler ainsi qu’à M. Dupleix. Si j’en juge par moi, je crois allier votre inclination au bien du service, car il est bien doux d’aller en France et de n’être point exposé aux accidents qui, retardant un départ, empêcheraient de rendre une traversée aussi agréable que j’ai envie de vous la procurer, par des relâches commodes et qui rendent le voyage moins pénible. Je vous demande donc, Madame, d’être de moitié dans mes bonnes intentions et je vous prie de faire vos efforts et d’engager M. Dupleix à faire les siens, pour que rien ne puisse retarder le départ des vaisseaux au jour indiqué. Je voudrais bien que le poids des affaires que j’ai ici ne fût pas augmenté par celles que me donnerait un accident imprévu et irréparable ; j’en ai même assez de mon inquiétude à ce sujet. »

Pourquoi Godeheu n’écrivit-il pas directement à Dupleix ? Il ne semble pas que ce soit par ménagement ; la lettre était courtoise, malgré une certaine ironie, car il n’était nullement agréable à Madame Dupleix de partir pour France comme pour l’exil. Il faut plutôt voir dans le geste du commissaire du roi une leçon détournée à l’adresse de la femme qui s’occupait trop des affaires publiques, aux dépens du prestige de son mari. Si l’on doit s’en rapporter à une lettre du P. de Noronha, du 24 janvier 1755 (B. N. 9164, p. 129), Godeheu aurait puisé une partie de son antipathie pour Dupleix dans la participation trop active de sa femme au gouvernement[1]. N’est-ce pas elle qui hier encore proclamait partout

  1. On a déjà vu à plusieurs reprises les sentiments d’Ananda sur ce sujet et l’on ne lira pas sans quelque intérêt la lettre suivante que Saunders avait adressée à Madame Dupleix le 6 avril 1754 :

    « Madame, j’ai eu l’honneur de recevoir votre lettre ; j’aurais