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qu’avant deux ans ils reviendraient en maîtres dans la colonie ? Dans cette lettre, Noronha nous dit encore qu’un peu avant le départ du gouverneur, Godeheu aurait commencé à trouver que les idées de Dupleix n’étaient pas absolument fausses et, quand il rentra lui-même au mois de février suivant, c’était avec l’intention de prendre le parti du gouverneur, mais, ajoute aussitôt Noronha, « pas celui de ma chère tante ».

    souhaité que le sujet eut été plus favorable et que l’on n’y eut point remarqué de votre part tant de mécontentement.

    « Il y a des circonstances qui, réunies aux affaires publiques, nous soumettent quelquefois à des lois dures et nous forcent à tenir une conduite dont nous serions extrêmement éloignés dans toute autre occasion. Ainsi, Madame, rendez-moi cette justice et soyez persuadée que c’est de ces circonstances que vous devez vous plaindre et non point de moi. J’aurais désiré que M. le Marquis eut écrit pour vous et que vous eussiez été plus gracieusement occupée ; pour lors la disgrâce d’une réponse désobligeante de votre part ne me serait point arrivée, avant même que l’on ne se fut déterminé ici.

    « Je suis toujours religieusement attaché au sentiment qui me fait croire que les plus fortes occupations des dames ne devraient tendre qu’à ajouter aux plaisirs de cette douce tranquillité pour laquelle elles sont faites et que c’est aux hommes qu’il faut laisser la fatigue des affaires et les travaux.

    « Daignez, Madame, me permettre de discuter l’affaire en question avec M. le marquis Dupleix. » (B. N. 9161, p. 107).

    Il n’est pas surprenant que Godeheu ait partagé les mêmes sentiments. Autant qu’Ananda et mieux que Saunders, il avait été amené depuis plusieurs semaines à se rendre compte par lui-même qu’ils ne s’étaient pas beaucoup trompés, en désirant que Madame Dupleix fut « plus gracieusement occupée. »

    Lorsque Madame Dupleix mourut deux ans plus tard, les religieux de Pondichéry s’en affligèrent comme d’un malheur pour les pauvres de la colonie ; elle avait laissé des fonds pour les assister et elle était considérée par eux comme leur providence. Les Capucins, les Jésuites et la confrérie du Rozaire firent des services pour le repos de son âme ; les procureurs que Dupleix avait laissés à Pondichéry, Delarche et Bausset, en firent un plus solennel encore dans la chapelle du fort, puis l’oubli se fit dans les souvenirs sous la lente action des années.