Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/488

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Faute d’en avoir fait l’épreuve au plutôt parce qu’il ne la fit que dans des conditions insuffisantes et difficilement acceptables, Dupleix se trouva aux prises non seulement avec Mahamet Ali mais encore avec les Anglais. Jusqu’à ce moment, malgré quelques secours occasionnels accordés au nabab, ceux-ci n’avaient pas pris parti dans la lutte, dans la pensée que nous succomberions sous le faix même de nos victoires et que nous en sortirions meurtris et ruinés. L’intronisation au trône du Décan d’un prince dévoué à nos intérêts leur prouva que la partie était plus sérieuse qu’ils ne croyaient et leur fit craindre que, si nous triomphions réellement, leur commerce désormais à notre merci ne fût entièrement ruiné. Perdus pour perdus, autant s’attacher à la fortune de Mahamet Ali : les événements décideraient. Dès le mois de janvier 1751, les promesses les plus formelles furent échangées ; des secours importants furent envoyés à Trichinopoly et quatre mois plus tard la guerre commença.

Là encore Dupleix commit une grave erreur de jugement. Il s’imagina que l’autorité du soubab du Décan, sur laquelle il fondait toute sa politique, suffirait pour déterminer la Compagnie d’Angleterre et la Cour de Londres à désavouer le gouverneur de Madras, qui refusait de la reconnaître en soutenant un rebelle. Il ne se rendit pas compte que le principe de légitimité, que l’Europe n’avait pas encore absolument abandonné, avait encore moins d’assises dans l’Inde. Depuis la mort d’Aureng Zeb, qui avait marqué le commencement du déclin de l’empire mogol, le pouvoir impérial n’était plus qu’un vain mot ; les titres de nababs et de soubabs s’achetaient ou se prenaient de force suivant les circonstances ; les firmans d’investiture étaient souvent délivrés avec des signatures et des contreseings imités et le dernier mot