Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/489

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restait toujours à celui qui payait le mieux ou avait la meilleure armée. Le principe légitime, c’était le fait accompli, jusqu’au jour où une révolution créait un autre droit. Pour les Européens ce n’était qu’un élément de discussion ou une couverture à l’usage de l’Europe ; Dupleix pensa qu’on en ferait état à Londres ; il se trompa. Plus éloignée de l’idéologie, la compagnie anglaise ne vit dans la lutte engagée au Carnatic qu’une menace à ses intérêts commerciaux ; elle s’embarrassa peu des principes et, comme après l’affaire de Sriringam elle paraissait disposer du succès, loin de désavouer son gouverneur, elle le couvrit de son autorité et reprit pour son compte la politique de ses adversaires et concurrents. Il est impossible de prévoir ce qui fût advenu si Dupleix s’était moins fié à des considérations juridiques, qui sont d’ordinaire le refuge des vaincus ; aurait-il modifié sa politique ? comment l’aurait-il dirigée ? autant de questions qui demeurent insolubles. En tout cas sa confiance dans l’indépendance du jugement de la cour de Londres ne laisse pas d’être quelque peu déconcertante ; autant qu’on peut juger de ses sentiments à l’égard des Anglais par l’ensemble de sa correspondance, il leur reconnaissait au contraire une hauteur insupportable dans leurs relations, peu de bonne foi dans leurs négociations et un ardent désir d’imposer leur joug à leurs voisins, au moins dans l’Inde. Comment put-il croire un instant qu’ils lui feraient des concessions ?

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La dernière erreur qu’on puisse relever dans la politique de Dupleix fut la division de nos forces au début de l’année 1751, lorsque Bussy partit pour le Décan. En ce temps nous n’avions même pas 2.000 hommes d’effec-