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tifs européens ; c’était vraiment tenter la fortune que d’en envoyer 5 à 600 à 400 lieues de Pondichéry, alors que tout restait à régler du côté de Trichinopoly. Le désir de donner et de conserver à nos conquêtes un air de légitimité détermina seul cette séparation hardie, que le succès parut d’ailleurs justifier. Telle était la faiblesse organique du Décan que Bussy y établit son autorité presque sans combattre et l’y maintint pendant plus de sept ans. Il procura à la Compagnie la cession des quatre circars de la côte d’Orissa qui doublait son territoire. La gloire qu’il retira de ses diverses expéditions rejaillit naturellement sur le gouverneur qui avait tout inspiré et ce sont encore les affaires du Décan où nulle faute ne fut commise, qui constituent aujourd’hui le meilleur titre de Dupleix à l’admiration de la postérité.

Et cependant ce sont ces succès qui indirectement ont amené sa chute. Pendant que sous les ordres de Bussy, nos troupes promenaient leur pavillon d’Haïderabad à Aurengabad et d’Aurengabad aux portes de Pouna et de Nagpour, Dupleix usait les forces qui lui restaient et qui n’étaient plus assez nombreuses dans un siège inutile devant Trichinopoly. On perdait ainsi dans le Carnatic ce que l’on gagnait dans le Décan. Bussy ne comprenait pas que Dupleix s’obstinât devant une place aussi excentrique et dont la possession, même aux mains de Mahamet Ali, ne gênait que fort peu notre action dans le Carnatic, où Chanda S. disposait encore d’un territoire assez étendu. Pour se conformer aux ordres de Dupleix, il essaya bien d’envoyer un détachement pour venir au secours de Law, mais par suite d’une révolution de palais à Haïderabad, ce détachement dut revenir sur ses pas. Law ayant capitulé deux mois plus tard, on peut vraiment dire que ce fut cette division de nos forces et l’impossibilité où l’on