Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/491

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se trouva de les rassembler en temps opportun, qui fut l’une des causes sinon la cause prépondérante de notre échec devant Trichinopoly, et comme cet échec détermina par contre coup le rappel de Dupleix, on peut encore mieux saisir l’importance et la gravité de la mesure qu’il prit le 15 janvier 1751, en détachant Bussy dans le Décan. C’est Trichinopoly qu’a perdu Dupleix.


Telles furent les diverses causes de l’échec de la politique de Dupleix ; elles peuvent se ramener à deux principales ; le défaut d’entente initiale avec la Compagnie et l’obstination au siège de Trichinopoly. La première se justifie mieux que la seconde, par la nécessité où se trouva Dupleix d’agir vite ou de ne rien faire, puisque, s’il eût consulté la Compagnie, la réponse ne serait arrivée qu’un au plus tard, mais aucune raison, même politique, ne l’obligeait à entreprendre et surtout à continuer un siège dont chaque jour lui montrait les difficultés croissantes. Dans l’un et l’autre cas Dupleix s’engagea sans avoir suffisamment calculé qu’il n’aurait peut-être pas les moyens d’aller jusqu’au bout. L’erreur de Trichinopoly est toutefois la plus grave parce qu’elle révèle un défaut de jugement ou un excès d’amour-propre. C’est d’ailleurs de cette erreur et de cette erreur seulement qu’il fut victime. Jusqu’au début de 1753, la Compagnie lui envoya de nombreux avertissements, mais elle lui continua sa confiance ; après que toutes les conditions de la capitulation de Law furent connues, la confiance tomba et les avertissements cessèrent ; on préféra le rappeler. Que ce rappel ait déterminé la chute de notre empire naissant dans l’Inde, c’est possible, ce n’est pas certain. La mission Godeheu, malgré un désastreux accord provisoire avec le gouverneur de Madras, laissa en fait toutes choses en suspens, comme