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elles l’étaient au moment du départ de Dupleix ; ce fut la guerre qui éclata deux ans plus tard entre la France et l’Angleterre qui nous fit tout perdre, aussi bien dans l’Inde qu’en Amérique. Les fautes de Lally-Tollendal dépassèrent de beaucoup en importance et en gravité les erreurs ou les faiblesses de Godeheu : ce sont elles véritablement qui nous ont enlevé tout espoir de créer un empire français dans l’Inde.

II

Il était nécessaire de donner ces explications si l’on veut comprendre pourquoi Dupleix, après avoir fait un beau rêve, aboutit à un réveil douloureux. Rejeter toute la responsabilité de son échec sur la Compagnie et sur la Compagnie seulement est un procédé commode mais il n’est pas juste. La Compagnie fut assurément engagée dans la politique de Dupleix par l’acceptation tacite de ses conquêtes, et de ce fait elle contracta implicitement des obligations financières, qu’elle eut le tort et le malheur de répudier, mais elle ne cessa jamais de recommander la paix qu’elle désira sincèrement. La réalité est que Dupleix doit à peu près supporter à lui seul l’honneur de ses conceptions comme il fut la victime la disgrâce qui le frappa.

Il méritait certainement une autre destinée, autant que les fautes commises ne comptent pas. S’il avait comme tout homme quelques défauts, ces défauts lui faisaient plutôt tort à lui-même qu’ils ne nuisirent réellement aux intérêts dont il était chargé. Il était d’une susceptibilité excessive et d’une vanité sans borne, qui s’explique mal en un si grand esprit. Les titres et les