Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/493

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honneurs exerçaient sur lui comme une sorte de fascination ; il fut fait marquis et officier de Saint-Louis et, se croyant des aptitudes militaires, demanda sans l’obtenir à être nommé maréchal de camp. Il accepta le titre indien de nabab d’Arcate sans savoir s’il pourrait en exercer les fonctions. Au demeurant, c’était un administrateur attentif, très ménager des deniers de la Compagnie qu’il évita toujours d’employer en dépenses somptuaires. Contrairement à des idées plus modernes, il estimait qu’il n’y avait de bonne administration que celle du détail et il étudiait à fond toutes les affaires. Ses instructions militaires révèlent une conscience très étroite de ses devoirs et une connaissance très sûre de toutes les nécessités du service. Dans le commerce il se montra tout à la fois avisé et entreprenant, et fit faire à la Compagnie des progrès et des bénéfices que la guerre interrompit à peine ; sur ce point du moins il était d’accord avec elle pour reconnaître que le développement des affaires était la première de ses obligations.

Au privé, c’était un homme de relations plutôt distantes ; son principal souci n’était pas de plaire ou de séduire. Disposant d’ailleurs d’un pouvoir presque absolu, il n’avait d’autre frein que son propre tempérament, qui le portait rarement aux extrémités ; avant de se prononcer, il écoutait les avis et même les provoquait ; il estimait qu’un chef ne doit jamais prendre un parti, sans s’être éclairé par plusieurs opinions. Au reste, nulle dureté dans le service ; composant avec le tempérament de ses administrés et les habitudes invétérées de l’Inde, il était plutôt porté à l’indulgence. Les affaires n’en allaient pas plus mal et s’il n’y avait eu la guerre, il n’eût rencontré dans son entourage que des collaborateurs dévoués, confiants et respectueux.