Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/496

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tisserands, blanchisseurs et teinturiers dont on avait besoin pour la confection ou la préparation des marchandises achetées pour la France, seraient désormais sous notre administration directe, avec le bénéfice de l’exclusivité commerciale, qui était la base des théories économiques du xviiie siècle.

Il est possible que ce mémoire très étudié eût produit quelque impression à Paris s’il était arrivé deux ans plus tôt. Dupleix en eut bien quelques lueurs dès 1750 et la doctrine du « revenu fixe, constant et abondant » se trouve déjà esquissée dans quelques lettres de cette époque, mais soit qu’elle ne fût pas encore très claire dans son esprit soit qu’il attendit pour la mieux formuler qu’il disposât en fait des territoires dont il préconisait l’extension, il ne la formula d’une façon complète qu’à la fin de 1753, alors que son rappel était décidé et que Godeheu était sur le point de s’embarquer à Lorient. Que des idées purement politiques de domination, des idées impérialistes, comme on dirait aujourd’hui, se soient aussi glissées dans son esprit, l’homme était trop sensible aux honneurs et à la gloire pour ne pas céder à leurs séductions et à leur charme parfois dangereux ; qu’elles aient été l’inspiration première de ses projets et de son intervention dans les affaires du Carnatic, cela est plus douteux. Le gouverneur de Pondichéry était avant tout un représentant commercial de la Compagnie et lui-même s’entendait trop bien aux affaires pour ne pas sacrifier d’abord à Mercure avant d’honorer Mars ou Bellone. Mais lorsqu’à l’ombre du drapeau, le commerce et l’industrie peuvent prendre un plus grand développement, il y a tout profit. Du moins Dupleix le pensa et conforma à cette idée tout son esprit et toute son activité.