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rien reçu depuis deux mois et menaçaient de se révolter. Salabet j. conjura en partie le danger en nous donnant deux mois de solde à recouvrer dans le paragana d’Haïderabad et Romi kh. put emprunter 150.000 rs. Mais ce n’était qu’ajourner les difficultés : des soldes nouvelles commenceraient à courir sans qu’on fut certain de pouvoir les acquitter. Salabet j. parlait de réduire à 4.000 le nombre des cipayes ; pour risquer une pareille mesure, il fallait supposer que le pays resterait tranquille ; or, sachant la détresse du nabab, Ragogy Bonsla et un autre seigneur, du nom de Nermel, s’apprêtaient à ravager le pays. Sans doute on serait obligé de marcher contre eux.

Cependant nos troupes, ayant quitté Oulguir après le départ de Bussy, s’étaient peu à peu avancées dans la direction d’Aurengabad, en venant camper d’abord sur la Ganga ou Godavery puis à Mahour, forteresse située sur une montagne à quelque distance du fleuve ; elles y restèrent pendant plus d’un mois, souffrant des chaleurs atroces qui accablent ce pays, lorsque commencent à souffler les vents de terre.

C’est alors qu’on reprit l’idée plusieurs fois amorcée, comme on le verra plus loin au récit des affaires de Mazulipatam, de nous faire céder les revenus des quatre circars ou provinces de la côte d’Orissa afin de pourvoir aux dépenses de nos troupes. On en trouve mention dans une lettre de Goupil à Moracin, notre commandant à Mazulipatam, du 28 janvier et dans une autre de Romi khan à Dupleix du mois de février. D’après Goupil, en prenant pour notre compte les revenus d’Ellore, Rajamandry, Chicacole et Ganjam, qui étaient affermés 40 lacks, 24 pourraient être affectés à la solde des troupes blanches, 10 à celle des cipayes et les 6 autres serviraient à rembourser la Compagnie de ses avances.