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Quant à Romi khan, il se bornait à dire à Dupleix que comme il n’y avait rien dans le trésor, l’intention de Salabet j. était de tirer l’argent de Chicacole, Rajamandry et Ellore ; il suggérait en même temps l’idée de confier à Moracin la perception de ces revenus.

Moracin ne rejeta pas la proposition, mais son premier sentiment fut que les fermiers actuels n’y feraient pas bon accueil, et finalement il déclara ne pouvoir donner d’avis autorisé sans s’être concerté avec Bussy. L’idée ne pouvait donc être d’une réalisation immédiate et pendant ce temps les embarras financiers continuaient. Nous savons par des lettres de Goupil du mois d’avril que le 9 de ce mois on ne pouvait plus payer les blancs qu’avec de l’argent emprunté aux marchands à 3 pour cent par mois, que les cipayes étaient dans le même cas et que le soubab n’avait pu verser que 120.000 rs. D’autre part nos troupes blanches étaient réduites à un tiers de leur effectif ; Bussy avait emmené avec lui 75 hommes et depuis cinq mois on en avait perdu près de 100 par mort ou par désertion, 150 étaient à l’hôpital ; la petite vérole faisait de grands ravages.

Non moins précis, Romi khan nous dit le 1er juin qu’à cette date il y avait une misère extrême dans l’armée. La paie des blancs et des cipayes montait à 270.000 rs. par mois ; le soubab ne savait comment y faire face et le divan lui conseillait de supprimer une partie des troupes. On était convenu de ne payer provisoirement que 200.000 rs. dont 70.000 pour les blancs et 130.000 pour les cipayes : 70.000 restant dus. Si Goupil n’était un homme aussi patient, disait Romi kh., ce serait à quitter l’armée. Nos troupes étaient alors campées à quelque 40 ou 50 cosses au nord-est de Haïderabad ; leur situation était telle que si elles reve-