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le désirer. Rendez-vous était pris pour tout régler vers la fin de la saison des pluies.

Si l’on rapproche de cette lettre les informations reçues précédemment par Dupleix sur la collusion qui n’aurait jamais cessé d’exister entre Mahamet Ali et les plus hauts seigneurs de la cour, on comprendra que celui-ci ait pu se prévaloir d’actes authentiques appuyant ses prétentions, comme on se rendra compte aussi de toute la prudence et de toute l’habileté qu’il fallut à Bussy pour se maintenir au milieu de cette trahison permanente.

La lettre de Lasker kh. à Saunders n’affecta pas trop Dupleix, mais les autres nouvelles qu’il reçut du Décan le firent trembler. « Les lettres que je reçois de cette armée, écrivit-il à Bussy le 5 juin, me font dresser les cheveux ; la débauche en tout genre y est poussée à l’excès et la nation tombée dans un mépris que vous seul pouvez faire cesser. » Et il ignorait encore la séparation de nos troupes effectuée depuis le 18 mai.

Il n’y avait qu’un remède à cette situation, l’abandon du pays ou le retour de Bussy. Dupleix ne voulut songer au premier que si le second ne réussissait pas. Or Bussy retiré à Mazulipatam ne désirait nullement retourner dans le Décan. Il ne parlait que de partir pour Pondichéry une fois sa santé rétablie. Un puissant intérêt l’y attirait.

Au temps de son séjour en cette ville, il avait fait connaissance de la jeune Chonchon, fille de Madame Dupleix et soit amour soit ambition il avait envisagé qu’ils pourraient unir leurs destinées. Le gouverneur et Madame Dupleix n’avaient vu aucun obstacle à cette alliance et il était entendu que le mariage aurait lieu au moment où Bussy reviendrait du Décan. L’occasion était arrivée. Mais chez Dupleix la raison d’état dominait toutes