Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 4.djvu/98

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les autres. Après avoir consenti de bonne grâce que Bussy revint à Pondichéry et même lui avoir promis d’envoyer un vaisseau qui irait le prendre à Paliacate, il changea de sentiment lorsqu’il connut la situation du Décan. Il lui parut indispensable que, toute affaire cessante, Bussy retournât au plus vite à Haïderabad, et il lui demanda de faire ce sacrifice à sa tranquillité et peut-être à ses affections.

Malgré son désir de vivre désormais à l’abri de tous soucis, au sein d’une fortune considérable et solidement assise, Bussy n’était nullement insensible aux événements du Décan et ne voyait pas sans chagrin s’effondrer l’œuvre qu’il avait si péniblement édifiée. Il avait pu concevoir qu’on évacuât le pays au lendemain d’une victoire ; il admettait moins qu’on s’en retirât chassé par des intrigues ou par les fautes personnelles de nos officiers. Il comprit que tout était perdu s’il ne retournait pas et ce n’est point par un refus catégorique qu’il répondit aux premières sollicitations de Dupleix.

Celles-ci avaient été fort adroitement présentées. Dupleix avait commencé par offrir à Bussy un accroissement d’autorité, en lui donnant pleins pouvoirs pour agir comme il l’entendrait dans toutes les circonstances où il n’aurait pas le temps de recevoir des instructions ou des ordres ; le 4 mai, il lui confirma ses intentions par une note d’un caractère plus officiel, ainsi libellée :

« Les circonstances dans lesquelles M. de Bussy… se trouve souvent et qui demandent de sa part une prompte décision, — l’éloignement ne lui permettant pas de me consulter et d’attendre mes ordres, ce qui souvent l’a embarrassé et l’a empêché d’agir comme la prudence et son zèle reconnu le lui dictaient — et sentant véritablement l’inconvénient qui peut résulter de l’éloignement où il est de moi, je trouve nécessaire de lui