Page:Martineau - Le musicien de province, 1922.djvu/26

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Mais surtout quand la brise
Me touche en voltigeant…

. . . . . . . . . . . . . . .

est-elle aussi légère que la fait l’auteur des Orientales ?

« Et Smyrne ! Comment, Monsieur, vous avez vu Smyrne ?

Smyrne est une princesse
L’heureux printemps sans cesse
Répond à son appel.

« Est-ce vrai tout cela ? L’Orient que vous avez vu est-il bien l’Orient des poètes ? »

Et comme je lui affirmais que les poètes n’avaient pas menti : « Ah ! monsieur, fit-il, ce que vous me dites là me comble de joie ! »

Moi, sans m’en apercevoir, je devenais tout doucement le plus passionné des romantiques. L’enthousiasme, ce dieu dans le cœur, a dit Léon Bloy, me tourmentait de sa main puissante et me plaçait, curieux et décidé, au seuil tentateur du palais magique de l’Art éternel.

Et quand, après le repas, à l’heure de la récréation, la redingote de M. Grillé, telle qu’une grosse tache noire, sous la charmille de tilleuls, m’apparaissait, disparate autant que solennelle, sans deviner encore le rôle d’initiateur qu’à coup sûr cet excellent homme ne soupçonnait guère lui non plus, je sentais une reconnaissance infi-