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Page:Martineau - Le musicien de province, 1922.djvu/35

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LE MUSICIEN DE PROVINCE

celle d’un artiste aimable et modeste. Il prenait part à la conversation avec simplicité, s’échauffait un peu s’il était question de musique, mais sans jamais imposer son avis, avec une volonté apparente de ne blesser personne. Dans les moments de repos, il restait derrière son pupitre, attendant qu’on l’engageât à quitter sa place.

Les pupitres doubles formaient une ligne perpendiculaire au piano, de manière à ce que les premiers violons fussent du même côté que la partie haute du piano.

Bergeat, premier violon solo, était le premier de cette ligne qui avait à sa droite la main droite de la pianiste. Je venais ensuite à la gauche de Bergeat. À ma gauche à moi, il y eut à certains jours, un flûtiste.

Sur la seconde ligne, il y avait en face du premier violon solo, M. Grillé et son violoncelle, puis l’alto, puis le second violon.

Je n’avais encore pénétré que rarement dans une salle de théâtre, mais assez pour que le brouhaha de l’orchestre qui s’accorde me fut connu. Quel ravissement que celui de me sentir, moi ripiane, tel qu’un des éléments de cette cacophonie. L’impression, le premier soir, fut générale et nous nous regardâmes tous en souriant de plaisir. Puis M. Grillé frappa deux légers coups de son archet sur le coin de son pupitre, donna quelques conseils, puis indiqua le mouvement : « Un, deux, trois… » L’orchestre